Crise sanitaire, loi grand âge et autonomie, papy-boom : les défis des acteurs du grand âge

La crise sanitaire remet en cause l’ordre des priorités des acteurs du grand âge. Le secteur affronte une période de fragilisation financière qui impactera plus particulièrement certains établissements. La crise a en effet souligné la faiblesse des modèles de financement qui ne reflètent pas la réalité des coûts et des contraintes des métiers. Si la pérennité des acteurs n’est pas remise en cause, le dépassement de ces problèmes passera par une stratégie de longue haleine, tandis que les pouvoirs publics ne pourront faire l’économie d’un grand plan bien financé. Les attentes suscitées par la création d’une 5ème branche de la Sécurité sociale et la future loi grand âge et autonomie n’en sont que renforcées. Celle-ci doit permettre de faciliter et amplifier le mouvement de consolidation et de transformation de l’offre des acteurs sur tous les segments de marché: maintien à domicile, hébergement intermédiaire et hébergement médicalisé. De façon plus structurelle, la montée en puissance de la génération papy-boom et, avec elle, l’émergence de nouveaux besoins et exigences, appellent aussi des réponses appropriées.

Du côté des acteurs, les faibles niveaux de concentration constatés sur la plupart des marchés du grand âge et la diversification limitée illustrent la forte fragmentation de la filière. Si les logiques de spécialisation s’imposent ou perdurent encore sur des marchés spécifiques comme les SAAD, les résidences services seniors ou les EHPAD, les plus grands acteurs de la filière développent leur offre avec l’ambition de couvrir tout ou partie des besoins des personnes âgées « fragilisées » ou en perte d’autonomie. Les grands groupes privés commerciaux comme Korian, Orpea, DomusVi ou Colisée excellent dans ce domaine tout en s’imposant un objectif d’atteinte rapide d’une taille critique par métier. Des groupes privés à but non lucratif comme Groupe VYV avec VYV 3, la Fondation Partage et Vie, le Groupe SOS ou la Croix-Rouge française figurent également dans cette catégorie d’acteurs dits « intégrés ».

Trois axes de développement devront être prioritaires : consolider les métiers des acteurs, adopter de véritables stratégies numériques et diversifier l’offre et les concepts. La consolidation des métiers du grand âge est en partie le fait des pouvoirs publics qui doivent renforcer l’efficience des modèles de financement des SAAD, SSIAD et même EHPAD. Mais les acteurs sont en mesure d’actionner des leviers de concentration leur permettant d’atteindre une taille critique et de générer des marges intrinsèques. Le renforcement des niveaux d’équipement en systèmes d’information est quant à lui nécessaire pour accéder plus aisément à l’innovation numérique et faciliter la coopération et la coordination entre les établissements et services impliqués dans l’accompagnement des personnes âgées « fragilisées » ou en perte d’autonomie. Enfin, la diversification de l’offre et des concepts des acteurs du grand âge satisfait à la fois des besoins de continuité et de coordination des prises en charge (ce que l’on appelle la logique de parcours) et des besoins de diversité des solutions d’accompagnement (ou logique de « libre choix ») chères à la nouvelle génération de seniors « fragilisés » issue des rangs des très nombreux papy-boomers….

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