Marché des lunettes : les petits prix ne déplacent plus les foules

Avec le 100% Santé et la généralisation d’offres sans reste à charge dans l’ensemble des réseaux d’optique, l’argument prix bas a perdu de sa puissance. Certains magasins de lunettes au positionnement tarifaire agressif ont ainsi purement et simplement réduit la taille de leur parc de magasins, à l’instar d’Optical Discount (Groupe Afflelou) dont la disparition est programmée pour fin 2025. Pour déplacer les clientèles, les enseignes doivent alors se différencier de leurs concurrents par les services, la personnalisation et l’expérience client en s’appuyant sur les technologies.

 

L’impression 3D représente une véritable opportunité pour individualiser l’offre tout en optimisant les coûts. Cela permet en premier lieu de proposer des montures personnalisées et adaptées à la morphologie du visage des clients. L’impression 3D donne aux opticiens l’occasion de créer des designs uniques ajoutant une valeur et une différenciation sur le marché des lunettes. Avec une production locale et à la demande, elle diminue aussi les coûts de transport, les délais d’approvisionnement et le besoin de disposer d’un stock important. Et, au passage, cela réduit les déchets et permet l’utilisation de matériaux biodégradables. Enfin, cette technologie simplifie les réparations puisque les pièces de montures peuvent être facilement réimprimées si besoin. De quoi améliorer le service au client.

Longtemps à l’état d’ébauche, les applications 3D concrètes commencent en outre à s’industrialiser. Les différents modèles de montures personnalisées proposées par le réseau Acuitis peuvent ainsi être testés virtuellement par les clients en magasin grâce à un avatar numérique créé à partir d’une prise de mesure de leur visage à l’aide d’une tablette. Outre le caractère exclusif et serviciel de cette nouvelle offre, l’enseigne met en avant sa dimension écoresponsable et l’absence de stock.

 

Installer des cabines de téléophtalmologie

Autre levier de transformation du marché des lunettes, la téléophtalmologie devient un élément clé des nouveaux parcours de santé visuelle impulsés par les pouvoirs publics. Au-delà de la délégation des tâches entre ophtalmologistes et orthoptistes, les consultations à distance sont surtout une solution pour remédier aux difficultés d’accès à ces professionnels de santé, en particulier dans les régions mal desservies. Les opticiens ont alors l’occasion de participer activement à cette réorganisation des parcours de soins en installant des cabines de téléophtalmologie dans leurs points de vente.

Pour les lieux de vente, c’est un bon moyen pour proposer un service supplémentaire à leurs clients dans une logique de fidélisation. C’est également une façon de capter de nouveaux clients qui se déplaceraient dans leurs points de vente pour cette nouvelle prestation. Dans le même temps, les opticiens pourraient contrer les offensives de nouveaux entrants sur le marché des lunettes telles que les grandes surfaces alimentaires comme par exemple Les Mousquetaires-Intermarché. Alain Afflelou est la première enseigne d’optique à s’être lancée dans cette voie à grande échelle.

Alexandre Boulègue est directeur du bureau d’études Xerfi Intelligence Stratégique, qui produit chaque année plus de 1000 études sur la conjoncture et les performances des entreprises de l’ensemble des secteurs de l’économie française. Il est également rédacteur en chef de la lettre d’information mensuelle sur la conjoncture Xerfi Prévisis.