Syndic en ligne : après l’euphorie, l’heure de la rationalisation

Pouvez-vous nous expliquer le phénomène des syndic de copropriété en ligne ?

Depuis 5 ans, le marché de l’administration de biens a vu naître une multitude de syndic en ligne. Plusieurs start-up détiennent d’ailleurs une notoriété indéniable à l’image de Bellman, Matera, Homeland ou encore White Bird. Elles proposent généralement de se substituer aux syndics traditionnels ou d’apporter un soutien à un syndic bénévole. C’est le positionnement adopté par Matera, White Bird, Hello Syndic, Clic Syndic, Homeland, Cotoit, Le Bon Syndic, Bellman ou Syndicio. De fait, ces offres ne sont généralement pas adaptées à des grandes copropriétés ou à une gestion complexe. La majorité propose également des plateformes d’échanges entre syndic et copropriétaires, permettant de faciliter les relations, ou proposant des audits de charges.

  

Ces start-up peuvent-elles bousculer les géants du secteur ?

Si l’émergence des syndic en ligne est indéniable, force est de constater que le poids total de ces acteurs dans le marché total demeure encore très marginal face aux cabinets physiques traditionnels. En outre, passée l’euphorie des lancements et des levées de fonds, l’heure est désormais davantage à la recherche de la rentabilité qu’à l’hypercroissance. Ce changement de paradigme est accentué par la dégradation de la conjoncture macroéconomique et du durcissement des conditions de financement. Dans ce cadre, deux acteurs phares, à savoir Matera et Bellman ont revu leur organisation interne, voire même ont dû licencier une partie de leurs effectifs.

  

Quelles sont les stratégies de développement de ces nouveaux acteurs ?

La plupart des acteurs digitaux proposent des offres de syndics en ligne à destination des copropriétaires. Mais certains opérateurs ont fait le choix d’adresser leurs services aux syndics eux-mêmes. C’est le cas par exemple de Syment qui propose des solutions pour organiser les assemblées générales en ligne. D’autres élargissent leur champ de compétence en investissant le marché de la gérance locative. C’est le cas par exemple de Matera, White Bird ou encore Faciliciti qui viennent y chercher les synergies entre syndic et gérance locative. White Bird va encore plus loin en proposant des services de Property Management s’immisçant ainsi sur le créneau du non résidentiel.

 

Alexandre Boulègue est directeur du bureau d’études Xerfi Intelligence Stratégique, qui produit chaque année plus de 1000 études sur la conjoncture et les performances des entreprises de l’ensemble des secteurs de l’économie française. Il est également rédacteur en chef de la lettre d’information mensuelle sur la conjoncture Xerfi Prévisis.