AVIS D'EXPERT | Alexandre Boulegue | Publié le 25 Avril 2022
Energie et environnementPrécisons tout d’abord que notre étude s’intéresse à la production d’énergie (chaleur, électricité, gaz) à partir de biomasse destinée aux secteurs collectifs, tertiaires et industriels. La fabrication de biocarburants, le bois de chauffe pour les ménages ou encore la chimie du végétal n’entrent donc pas dans son périmètre. Et si tous les voyants sont au vert pour la biomasse en France, principale source d’énergie renouvelable du pays, tous les segments de la filière ne profiteront pas de la même façon de l’alignement des planètes (soutien public, envolée du prix du gaz naturel, valorisation des déchets encouragée par la réglementation…). La chaleur renouvelable et l’injection de biométhane ont ainsi les faveurs du gouvernement, qui oriente massivement le recours à la biomasse vers ces usages, et suscitent l’intérêt croissant des entreprises. Nous tablons d’ailleurs sur une croissance annuelle moyenne de la production de chaleur depuis la biomasse de 7% d’ici 2024 à 53,4 TWh. Le développement accru des capacités de production de chaleur renouvelable est en effet un bon moyen d’atteindre les objectifs ambitieux de la PPE en matière de neutralité carbone. Si la faiblesse du prix du gaz naturel a un temps pénalisé la filière, le rebond des prix des énergies fossiles depuis plus d’un an et demi a rebattu les cartes. Côté biométhane injecté, nous anticipons un bond de presque 40% par an des capacités de production à l’horizon 2024 pour atteindre 17,5 TWh/an . Le nombre de projets en cours, la réduction des coûts de ces projets mais aussi la hausse de la demande en gaz vert et BioGnv favorisent une telle dynamique. Sans oublier la volonté du gouvernement de réduire notre dépendance au gaz russe. Les perspectives s’annoncent en revanche moins dynamiques dans la production d’électricité à partir de biogaz (+5,2%par an en moyenne d’ici 2024 à 3,2 TWh d’après nos prévisions) ou de biomasse solide (1,6% par an en moyenne d’ici 2024 pour atteindre 4,3 TWh). Malgré les investissements consentis et les efforts de communication des entreprises et des pouvoirs publics, les trajectoires définies par la PPE semblent hors de portée, tout comme celles de la SNBC 2050. La faute, notamment, à des gisements d’origine agricole insuffisants qui obligent à recourir au bois, ressource aux nombreux conflits d’usage et complexe à mobiliser du fait d’un outil industriel peu compétitif.
Les leaders de la gestion des déchets Suez et Veolia dominent sans surprise le marché, essentiellement grâce aux nombreuses installations de stockage et d’incinération des déchets ainsi qu’à leurs stations d’épuration qui leur permettent de valoriser d’importantes quantités de biogaz et de produire chaleur et électricité. Ils augmentent d’ailleurs leurs investissements dans la biomasse, en particulier dans le biométhane injecté. D’autres acteurs des déchets (Paprec, Pizzorno, Urbaser, etc.), des énergéticiens (Engie, Albioma, Gazel Energie, etc.), des acteurs des services à l’énergie (Idex, Coriance, Dalkia (EDF), etc.) ainsi que de plus en plus de spécialistes du biogaz (Waga Energy, Pearl BioEnergie, etc.) composent le paysage des poursuivants. TotalEnergies est un nouvel entrant dynamique dans le secteur avec notamment le rachat de Fonroche Biogaz et un accord ambitieux de coopération avec Veolia. Les énergéticiens sont d’ailleurs parmi les acteurs les plus offensifs, en particulier sur le segment du biogaz injecté. L’autre entrée remarquée est celle du fonds Pearl Infrastructure Capital qui a repris Akuo Biomass l’an dernier (devenu Pearl BioEnergie). Paprec a également fait un bond en avant avec les acquisitions de Dalkia Wastenergy et de CNIM O&M pour se hisser à la troisième place de la cogénération à partir d’incinération des déchets. Enfin, de plus en plus de start-up entendent jouer un rôle significatif, en particulier dans le biogaz, à l’image de Waga Energy, Agripower ou encore Dual Metha.
Atteindre une taille critique est une priorité stratégique pour nombre d’acteurs qui multiplient dès lors les initiatives pour étoffer leur parc sous gestion et améliorer les sites existants. Il s’agit pour les opérateurs des déchets d’intégrer verticalement la chaîne de valeur, les énergéticiens cherchant eux plutôt à accroître les effets d’apprentissage. Pour réduire les oppositions citoyennes parfois vives lors du développement de nouveaux sites, la réduction des nuisances mais aussi l’implication d’autres acteurs (agriculteurs…) et des collectivités locales aux projets sont des leviers actionnés. Très dépendante des pouvoirs publics pour sa rentabilité, la filière doit également convaincre la sphère politique de ses atouts pour atteindre les objectifs fixés pour la transition énergétique. C’est le sens des efforts de lobbying. Pour améliorer le rendement énergétique des installations, l’optimisation des procédés ou encore l’augmentation de la taille moyenne des unités sont aussi d’actualité. Côté innovation, les acteurs explorent de nouvelles solutions susceptibles de valoriser des intrants peu exploités ou d’améliorer l’empreinte énergétique de leurs installations tout en offrant de nouveaux débouchés. Et pour mettre la main sur de nouveaux gisements à valoriser, ils s’appuient sur la montée en puissance des CSR (combustibles solides de récupération), fortement soutenus par l’Etat et par l’envolée des prix des énergies fossiles et de l’électricité. L’international constitue aussi un relais de croissance pour les opérateurs innovants et les grands groupes.
Perspectives d’évolution d’ici 2024 et analyse du jeu concurrentiel
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