AVIS D'EXPERT | Lauric Berthier | Publié le 12 Novembre 2024
IndustrieConstructionFace à des normes environnementales de plus en plus strictes, les industriels de la construction sont poussés à intégrer des matériaux isolants biosourcés et recyclés pour répondre aux exigences de la RE2020. Cela implique de consentir des investissements considérables en approvisionnement, labellisation et production, mais également de redoubler d’efforts en termes de reconnaissance sur le marché. Entre innovations en économie circulaire et certification des performances, comment ces matériaux « verts » peuvent-ils s’imposer durablement face aux défis de l’industrie ?
La mise en application de la RE2020 et la multiplication des contraintes autour de l’empreinte carbone des bâtiments ont accéléré l’émergence des matériaux isolants durables qui ont vocation à prendre une place croissante sur le marché ces prochaines années. Deux grandes tendances cohabitent dans l’offre de matériaux isolants. D’un côté, certains industriels misent sur les matériaux biosourcés comme la fibre de bois, la paille, le chanvre ou la ouate de cellulose. De l’autre, des démarches d’économie circulaire sont mises en œuvre pour proposer des produits issus du réemploi ou du recyclage. Mais ces deux modèles supposent, pour les industriels du secteur, d’opérer d’importants changements en matière d’approvisionnement et de procédés de fabrication.
En juin 2024, le fabricant d’isolations thermiques par l’extérieur Myral a lancé la production d’un nouveau modèle de panneaux composés à 50% de matières recyclées d’aluminium, PVC et polyuréthane sur son site d’Is-sur-Tille (21). Fin 2023, Isonat (filiale de Saint-Gobain) a de son côté doublé sa capacité de production d’isolants en fibre de bois dans son usine de Mably (42).
Pour attester des performances techniques et environnementales de leurs produits, les industriels recourent à la labellisation. L’Association pour la certification des matériaux isolants (Acermi), qui « propose aux fabricants une certification pour démontrer la qualité de leur produit », recensait fin 2022 148 usines certifiées dont 75 en France. Lancé en 2017 par le cabinet indépendant Karibati, le label Produit Biosourcé garantit quant à lui la teneur en biomasse de matériaux de construction. Le niveau minimum à atteindre dépend de la famille de produits. Pour les isolants, il grimpe à 70% contre seulement 25% ou 30% pour les bétons. Les gammes Knauf Fibra, ThermaSoft natura et Organic de Knauf sont par exemple labellisées « Produit Biosourcé ». Le label international Cradle to Cradle, créé en 2010, certifie pour sa part que les matériaux utilisés sont notamment issus de matières recyclées et qu’ils sont réutilisables sans détérioration de leur valeur. Le recours à des énergies renouvelables dans le cadre des procédés de fabrication, la gestion de l’eau ou encore la présence de substances nocives sont aussi pris en compte. Actis, avec son isolant réflecteur alvéolaire Hybris, et Soprem,a avec son panneau isolant en polystyrène extrudé XPS, sont par exemple certifiés Cradle to Cradle.
Nombre de matériaux isolants biosourcés (bois, paille, chanvre, etc.) ou issus de l’économie circulaire souffrent d’un déficit d’image auprès des entreprises du bâtiment et autres prescripteurs (architectes, maîtres d’œuvre, bureaux d’études, etc.) car jugés moins performant en termes de solidité ou de résistance au feu par exemple. Au-delà de campagnes de communication « classiques », les fabricants peuvent s’appuyer sur la réalisation de chantiers de grande envergure, qui représentent des vitrines XXL des possibilités offertes par leurs produits. La jeune société vendéenne ProFibre a par exemple mis en œuvre sa solution d’isolation à base de paille de blé sur le chantier du lycée d’Aizenay (85), présenté comme l’un des plus importants d’Europe avec plus de 18 000 bottes. Assis sur une ossature bois et grâce notamment à cet isolant biosourcé, l’édifice inauguré en septembre 2022 a obtenu le niveau 3 du label Bâtiment Biosourcé. À la faveur de cette preuve de concept « grandeur nature », Cavac Biomatériaux a racheté 50% du capital de ProFibre au 1er semestre 2022.
La cartographie de la concurrence et les perspectives du marché à l’horizon 2026
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