AVIS D'EXPERT | Alexis Jouan | Publié le 05 Juillet 2021
Services aux entreprises
Les effets de la loi Pacte, en vigueur depuis 2019, se feront sentir jusqu’en 2024 pour les professionnels de l’audit. Cette législation qui a mis fin à l’obligation de certification des comptes des petites sociétés privera les commissaires aux comptes de 73 500 mandats (plus de 25% du total de 2018). Dit autrement, la loi Pacte aura entraîné en six ans la perte de 350 millions d’euros de revenus pour la profession (14% du total de 2018). Les plus pénalisés resteront les cabinets de petite taille qui s’adressent aux TPE. Les Big Four tireront encore leur épingle du jeu puisque la loi Pacte épargne la lucrative clientèle des très grands comptes. Ensemble, KPMG, Deloitte, EY et PwC ont capté presque 70% du chiffre d’affaires du métier lors du dernier exercice. La crise sanitaire et économique affectera elle à la marge le marché de l’audit légal (environ 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019/2020) qui génère des revenus récurrents puisque l’audit est très souvent une obligation réglementaire. Entre 2021 et 2025, les honoraires des commissaires aux comptes s’inscriront en recul de 2% par an moyenne tandis que le nombre de mandats diminuera lui de 4,5% par an, selon les prévisions de Xerfi Precepta. Le marché de l’audit légal cèdera 8% en valeur et 17% en volume d’ici 2025, d’après nos calculs.
Des acteurs de taille intermédiaire jouent les consolidateurs en mettant la main sur des cabinets de toute taille et de tous niveaux de spécialisation. Des opérations comme le prochain rapprochement de Sefico Nexia et Eris, annoncé en février 2021, s’inscrivent dans le cadre d’une concentration du secteur de l’expertise comptable et de l’audit en France. La nécessité de croître pour maîtriser les coûts, les investissements conséquents liés à la transformation digitale, la volonté d’améliorer la couverture territoriale, l’impératif de se positionner sur des débouchés peu affectés par la loi Pacte ou encore le nombre de proies potentielles expliquent cette course à la taille. Aujourd’hui, les réseaux anglo-saxons KPMG, EY, PwC et Deloitte dominent clairement le marché français de l’audit, avec des revenus supérieurs à 350 millions d’euros chacun dans le commissariat aux comptes (CAC). La réputation de leur marque et de leur signature permet à ces leaders d’imposer un premium de prix à leurs clients. L’audit représente la majorité de leurs activités réglementées, même si leurs revenus dans ce métier augmentent lentement. Grâce à des stratégies mêlant croissance organique et acquisitions/intégrations de cabinets, les opérateurs de taille intermédiaire (RSM, BDO ou même Nexia France) ont vu eux leur chiffre d’affaires dans le CAC progresser fortement ces dernières années. Variable, le poids de l’audit dans les activités réglementées de ces acteurs, bien implantés au niveau local auprès des TPE et PME, est moins important que chez les majors. Si le CAC ne pèse pas lourd dans leurs revenus, les spécialistes parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu en se positionnant sur une niche du marché (audits de fiducie pour Sefac par exemple) ou en pariant sur un profil expert.
Suite au basculement massif des collaborateurs et des clients en télétravail, les cabinets redoublent d’efforts pour accélérer leur mue numérique. Levier de réduction de coûts via l’automatisation, la technologie permet également de proposer de nouvelles offres, comme l’illustre l’audit de cryptoactifs commercialisé par PwC. La diversification dans de nouveaux métiers (gestion de patrimoine, activités juridiques…) reste aussi l’une des priorités des auditeurs. C’est ainsi que le conseil représente désormais le centre de gravité de l’activité des Big Four, dont le modèle pluridisciplinaire fait de plus en plus d’émules au sein de la profession.
Les offres multi-audit (financier, IT, social…) constituent une autre réponse à l’assèchement du marché induit par la loi Pacte. Les cabinets espèrent ainsi se différencier, générer des revenus supplémentaires et répondre à la demande de « guichet unique » de leurs donneurs d’ordres. Elles permettent également de satisfaire les clients à la recherche d’offres susceptibles de combler l’ensemble de leurs besoins. Relais de croissance aujourd’hui, cette expertise pourrait à terme devenir incontournable pour les professionnels du secteur. D’abord parce que les aspects extra-financiers prennent de l’importance dans le reporting des entreprises. D’ailleurs, les initiatives de nature à améliorer, structurer et harmoniser les déclarations RSE se multiplient à l’échelle internationale, entre autres pour mettre ces informations au diapason des données comptables. Ensuite parce que les éléments sociétaux et environnementaux sont de plus en plus intégrés dans l’analyse des opportunités et risques financiers des entreprises. Prometteur, le déploiement de ces offres intégrées amène les cabinets à entrer sur de nouveaux métiers et donc sur de nouveaux marchés. Ils peuvent dès lors se heurter à des compétiteurs bien établis, à l’instar des avocats dans l’audit juridique.
Les professionnels cherchent également à diversifier leur portefeuille de clients, notamment en densifiant leur maillage territorial ou en s’adressant à de nouveaux débouchés (CSE…). Grant Thornton cible par exemple le segment du CAC 40 où des mandats seront prochainement remis en jeu. Il pourrait s’intéresser entre autres à des réseaux régionaux ou à des cabinets parisiens. Et il n’est pas le seul cabinet de taille intermédiaire à envisager la croissance externe. Pour faire valoir son expertise auprès des grands groupes, BDO mise lui notamment sur sa dimension internationale.
Nouvelles stratégies de développement et scénario de croissance à l’horizon 2025
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