Le bâtiment intelligent bénéficie de vents porteurs

Le marché du bâtiment intelligent est en pleine expansion. Alors que le décret tertiaire pousse les entreprises à réduire drastiquement leur consommation énergétique, la transition vers des bâtiments plus écologiques s'accélère, entraînant une évolution des investissements et des stratégies commerciales. Les acteurs du secteur se heurtent toutefois à des défis majeurs, notamment la nécessité d’évangéliser la filière du bâtiment et d'assurer l'interopérabilité des systèmes. En parallèle, la consolidation du secteur, stimulée par le resserrement des financements, crée un tout nouvel environnement compétitif à appréhender pour les start-up et les grandes entreprises.

Le « bâtiment intelligent » est soutenu par un contexte réglementaire favorable qui incite les entreprises du tertiaire à investir dans les objets connectés et les outils de gestion de données pour réduire leur empreinte environnementale. Dans le cadre du décret tertiaire, les propriétaires et locataires de bâtiments sont en effet sommés de réduire leur consommation d'énergie de 40% d’ici 2030 et même de 60% d’ici 2050. De quoi inciter les entreprises à investir dans des solutions optimisant le pilotage de leurs équipements. Le virage vers le bâtiment intelligent est par ailleurs accéléré par l’intérêt toujours plus fort des investisseurs pour les critères ESG et des attentes renforcées en matière de réduction de l’empreinte environnementale des biens en portefeuille. Le maintien à haut niveau des prix de l’énergie ces prochaines années encouragera par ailleurs les entreprises à tenter d’optimiser encore davantage leur consommation d’énergie.

Assurer la transition vers le green building

De nombreux défis restent à relever pour permettre au marché du bâtiment intelligent de changer d’échelle. La démocratisation du smart building ne se fera pas sans mesures fortes des acteurs du secteur. Ces derniers devront notamment convaincre une filière du bâtiment encore réfractaire qui a tendance à considérer le numérique comme un « gadget ». Poursuivre les efforts sur le front de l’interopérabilité est également une condition indispensable pour sortir de l’écueil d’une offre fragmentée entre les différentes composantes du bâtiment intelligent (éclairage, chauffage, climatisation, gestion électrique, etc.) et in fine faciliter le pilotage d'un bâtiment tertiaire. Les smart buildings devront par ailleurs de plus en plus être conçus comme de véritables hubs énergétiques avec l’intégration d’actifs « new energy » (panneaux solaires, bornes de recharge, etc.) au sein des projets de bâtiments intelligents.

Une phase de consolidation s’amorce

Le marché du bâtiment intelligent a été investi par une pluralité d’acteurs : équipementiers, promoteurs immobiliers, grands groupes du BTP, start-up, etc. Une phase de consolidation s’est néanmoins peu à peu amorcée et pourrait n’en être qu’à ses prémices. Les opportunités de rachats sont en effet de plus en plus nombreuses en raison de l’assèchement des financements. Dans le sillage du resserrement monétaire des banques centrales, les investisseurs se montrent plus sélectifs et rechignent désormais à financer les grosses pertes d’exploitation. Un revirement délicat pour les jeunes pousses du bâtiment intelligent qui font face à des coûts de développement élevés. Faute de financements et pour éviter de mettre la clé sous la porte, des start-up cherchent à se vendre : autant de cibles potentielles pour les acteurs qui entendent endosser le rôle de futurs « consolidateurs », à l’image de Deepki sur le segment de l’efficacité énergétique ou de Witco sur celui du flex-office.