Les géants de l'énergie mènent la danse sur le marché de l'intermédiation en travaux

Le marché de l’intermédiation en travaux, dominé par les acteurs historiques de l'énergie comme Engie et EDF, devient un champ de bataille stratégique. Le potentiel de croissance de la demande en travaux de rénovation énergétique pousse les énergéticiens à consolider leur influence via l'acquisition de plateformes spécialisées telles qu'Habitatpresto et Izi by EDF. Leurs stratégies s'articulent autour de l'expertise énergétique et des incitations financières, telles que les primes énergie, pour catalyser le marché de la rénovation énergétique.

Le paysage concurrentiel des plateformes d’intermédiation en travaux est très diversifié avec des intervenants issus d’horizons variés. Des spécialistes de la mise en relation tels qu’Angi (Travaux.com) et WeLink (WeLink Builders) occupent le terrain aux côtés de start-up et d’indépendants spécialisés comme Meilleur Artisan et AlloMarcel ainsi que de spécialistes de la génération de leads (BR’Lead ou Online Trade). Mais ce sont surtout les groupes issus de métiers connexes de la rénovation comme les énergéticiens Engie (Habitatpresto, MesDépanneurs) et EDF (Izi by EDF), les délégataires CEE comme Effy ainsi que des distributeurs d’articles de bricolage et de matériaux tels que Saint-Gobain (La Maison Saint-Gobain), Adeo (Quotatis), Espace Aubade (Guide Artisan) ou Cromology (Monsieur Peinture) qui prédominent. Certains sont présents dans le secteur depuis de nombreuses années et ont acquis une certaine notoriété, à grand renfort de campagnes publicitaires. C’est le cas d’Izi by EDF, MesDépanneurs ou Effy qui ont déployé des spots publicitaires en télévision et radio pour renforcer la notoriété de leur offre auprès du grand public.

Les acteurs de la rénovation énergétique prêts à prendre le pouvoir

Alors que la plupart des segments du bâtiment sont en berne, la résilience de la rénovation énergétique apparaît comme le principal levier de croissance des plateformes d’intermédiation en travaux à court et moyen terme. EDF et Engie, via leurs plateformes respectives, semblent a priori les mieux placés pour profiter de cette manne d’activité. Ils capitalisent sur leur expertise et leur proximité, liées à leur activité de fournisseur d’énergie, qui leur confèrent un rôle de prescripteur. Signe de ses ambitions sur ce marché, Engie a d’ailleurs considérablement étoffé ses positions en 2022 avec le rachat d’Habitatpresto l’une des principales plateformes. Avec les primes énergie, ces acteurs disposent aussi d’un argument de taille pour attirer les porteurs de projets de rénovation énergétique. C’est ce qui explique aussi l’arrivée progressive de délégataires CEE comme Effy (Quelle Énergie) et TotalEnergies qui font figure de précurseurs dans le domaine.

La logique partenariale prend de l’ampleur chez les nouveaux entrants

Particulièrement concurrentiel, le secteur de l’intermédiation en travaux est historiquement soumis à la menace de nouveaux entrants. La mise en relation d’artisans avec des particuliers semble en effet pertinente à intégrer au catalogue de prestations dans de nombreux secteurs. Dernièrement, ce sont surtout les réseaux d’agences bancaires et immobilières qui ont démontré un vif intérêt pour cette activité. Néanmoins, les velléités des candidats potentiels sont bien souvent balayées par un contexte désormais ultra-concurrentiel avec pléthore de plateformes. Il est vrai que les exemples d’échecs sont nombreux, y compris chez les acteurs a priori armés pour s’imposer comme Cdiscount ou la Capeb. De ce fait, c’est désormais plutôt une logique partenariale qui s’impose. SG et Orpi ont par exemple récemment mis en place des collaborations respectives avec les délégataires de CEE Hello Watt et Hellio, un moyen pour ces acteurs de concilier leurs forces.