AVIS D'EXPERT | Alexis Jouan | Publié le 28 Mars 2022
Technologie et digitalIndustrieServices aux entreprisesLa digitalisation accélérée de l’économie, l’explosion du trafic internet mondial et le futur essor de l’edge computing (forme d’architecture IT décentralisée traitant localement les données) décuplent les besoins en matière de stockage de données et puissance de calcul. Si les hébergeurs et gestionnaires de data centers présents en France surfent habilement sur cette vague, ils se heurtent à un redoutable effet ciseau. Notre analyse financière montre en effet que leurs coûts s’envolent avec, d’une part, des investissements de capacités pour répondre à l’hypercroissance de la demande (avec 210 data centers neutres installés en 2024 contre 186 en mars 2021 d’après nos calculs) et, de l’autre, la flambée des prix de l’énergie. Dans ce contexte, les revenus des leaders de la colocation bondiront de 20,5% par an en moyenne d’ici 2024, selon nos prévisions. Ils capitaliseront de fait par exemple sur la forte hausse du marché du cloud d’infrastructure et des besoins des opérateurs télécoms. La croissance de l’activité des hébergeurs régionaux (+12% par an d’ici 2024) profitera, elle, notamment du développement de l’edge computing et de la mue numérique des TPE/PME et des ETI. Ces opérateurs récolteront également les fruits de leurs efforts pour proposer des offres (y compris cloud) souveraines et sécurisées. Malgré cette excellente dynamique, les performances financières des opérateurs de la filière sont sous pression. L’envolée des cours de l’électricité, la revalorisation des primes d’assurance et l’augmentation des charges salariales pèsent en effet sur les marges. C’est d’autant plus vrai qu’ils ne peuvent pas tous répercuter ces hausses de coûts dans leurs tarifs dans les mêmes proportions. Si des leaders de la colocation ont déjà opéré des revalorisations début 2022, les hébergeurs régionaux ne disposent pas de la même latitude en matière de pricing. Dans ces conditions, le taux d’excédent brut d’exploitation des acteurs du panel Xerfi tombera à 13,5% en 2022 (soit 4,3 points de moins qu’en 2020) tandis que le taux de résultat net moyen reculera à 2,7% (5% sur la période 2014-2020). De quoi remettre en question la pérennité des acteurs les plus petits et les plus fragiles.
L’envolée du cloud d’infrastructure continue de bouleverser en profondeur les équilibres économiques et concurrentiels de toute la filière IT. C’est ainsi que la colocation de détail est en perte de vitesse alors que beaucoup d’acteurs de ce segment ciblent désormais le marché prometteur de l’hyperscale. Dans le même temps, les spécialistes de l’hébergement physique tentent de s’adapter, leur modèle à coûts fixes ayant perdu en compétitivité face à la facturation à la consommation du cloud d’infrastructure. Ces opérateurs s’orientent alors de plus en plus vers l’informatique en nuage. Avec plus de 60 000 m² de surface opérationnelle et 25 900 baies sur le territoire, essentiellement pour des services d’hébergement virtuel (cloud) OVH s’affirme comme le leader de l’hébergement et de la gestion de data centers dans l’Hexagone. Equinix et Digital Realty occupent eux les premières marches du podium de la colocation. Data4 et Global Switch disposent également de solides positions. La plupart des acteurs du secteur sont des hébergeurs régionaux à la tête d’un petit nombre de centres de données. Parvenus à un certain stade de développement, certains d’entre eux (Euclyde Data Centers et Etix Everywhere) ambitionnent à terme de couvrir l’ensemble du territoire. Surtout utilisés pour leurs propres besoins (téléphonie, données internet…), même si certains espaces sont proposés aux clients, des opérateurs télécoms (Orange, Altice, Iliad..) possèdent aussi des data centers. L’écosystème élargi comprend également les ingénieristes, des équipementiers, les acteurs du génie électrique et climatique, les fabricants de matériel IT ou même des spécialistes de la maintenance.
Les hébergeurs et gestionnaires de data centers consentent des investissements conséquents pour augmenter leur capacité de stockage. Ils construisent en effet régulièrement de nouveaux sites en France et parfois à l’étranger. Les opérateurs se préparent ainsi à la future hausse de la demande, notamment en provenance des hyperscalers ou des utilisateurs de l’edge computing. La sécurité des infrastructures et des données constitue une autre priorité des acteurs du secteur, sachant que c’est le premier frein à l’externalisation pour les clients et que le récent incendie du site strasbourgeois d’OVH a ravivé les craintes à ce sujet. Le développement d’une démarche écoresponsable fait aussi partie des chantiers prioritaires, alors que la filière est souvent décriée pour son impact environnemental. Il est vrai que les data centers (très gourmands en énergie pour leur fonctionnement, leur refroidissement et leur fabrication) représentent 10% de la consommation mondiale d’électricité. Au passage, les hébergeurs comptent bien faire d’une pierre deux coups en réduisant leur facture énergétique. En réaction au risque de commoditisation de leur cœur de métier, les professionnels du secteur s’efforcent par ailleurs d’enrichir leur offre avec pour objectif de créer de la valeur et d’accroître les coûts de sortie des clients : prestations d’accompagnement, intégration d’une offre logiciels… A cet égard, le développement de services cloud représente un axe majeur de différenciation. Les hébergeurs régionaux misent dessus pour contrer la menace des fournisseurs d’IaaS. Les spécialistes de la colocation espèrent pour leur part séduire les grandes entreprises ayant migré vers l’informatique en nuage avec des interconnexions et du cloud hybride.
Les défis clés pour capturer une croissance rentable sur un marché en plein bouleversement
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