Les start-up dans l’immobilier : des fortunes diverses

Le marché des Proptech en France a connu une croissance fulgurante, avec près de 450 start-up de l’immobilier recensées en 2023, contre moins de 200 en 2015. Les jeunes pousses qui ont misé sur un service complémentaire auprès des professionnels pour améliorer leur offre et leur efficacité pourraient mieux résister à la dégradation des marchés résidentiels et tertiaires, contrairement aux proptech positionnée sur une offre qui se substitue aux standards de marché.

  

Les start-up de l’immobilier, aussi appelées Proptech, ont longtemps évolué dans un climat favorable qui a favorisé leur croissance. Le tissu d’entreprises s’est ainsi largement étoffé ces dernières années : il a plus que doublé entre 2015 et 2023 selon le relevé exclusif réalisé par Xerfi dans sa dernière publication sur le sujet. Près de 450 start-up de l’immobilier sont ainsi recensées. Deux tiers d’entre elles ont été créées entre 2013 et 2018. Elles sont surtout actives dans :

• les services aux professionnels de l’immobilier : mise en valeur des annonces, marketing digital, data, etc. ;

• l’intermédiation immobilière (vente, location, investissement locatif) et dans le cadre d’une rénovation ;

• l’immeuble intelligent, avec la prédominance des start-up du suivi et contrôle des consommations énergétiques.

 

Les autres segments sont la construction et le suivi de chantier, la gestion locative, les services aux syndics et les legaltech immobilières. Preuve d’une maturité croissante, un certain nombre de start-up sont aujourd’hui incontournables sur leurs marchés respectifs, à l’instar de Deepki, Habiteo ou WeMaintain.

  

La dégradation des marchés clients, résidentiels comme tertiaires, met les start-up de l’immobilier sous pression, dans des proportions inégales selon leur positionnement. Celles qui ont misé depuis le début sur un service complémentaire auprès des professionnels pour améliorer leur offre et leur efficacité vont sans doute tirer leur épingle du jeu. Il s’agit des jeunes pousses du smart building, des services marketing aux intermédiaires et promoteurs, etc. Elles devront toutefois affronter une baisse de demande liée à la morosité des marchés clients.

Les proptech qui ont misé sur une offre qui se substitue aux standards de marché sont davantage sur la sellette. On pense bien sûr aux néo-agences qui ont cherché à dynamiter les intermédiaires traditionnels en proposant des faibles taux de commission. Tous ou presque sont revenus sur ce modèle. Liberkeys a fait évolué sa commission fixe vers du variable (entre 2,5% et 4%). Les Agences de Papa n’arrivent pas à faire décoller leur modèle à 2 000 euros et accumulent les pertes. Les iBuyers sont pris au piège de la baisse du marché. Le néo-syndic Bellman s’est mué fin 2022 en éditeur de logiciel. La compétition frontale s’est heurtée à la force des réflexes anciens des ménages, notamment dans le cadre des transactions.

 

Alexandre Boulègue est directeur du bureau d’études Xerfi Intelligence Stratégique, qui produit chaque année plus de 1000 études sur la conjoncture et les performances des entreprises de l’ensemble des secteurs de l’économie française. Il est également rédacteur en chef de la lettre d’information mensuelle sur la conjoncture Xerfi Prévisis.