VIDÉO | Publié le 07 Avril 2020
AlimentaireUne vidéo présentée par Alexandre Mirlicourtois
Désorganisation de l’offre, affaiblissement de la demande extérieure et bascule de la demande domestique de la restauration vers la consommation à domicile, le Covid-19 met la filière alimentaire (hors boisson j’entends) sous tensions. Côté offre, les processus de production et de transformation sont perturbés et les coûts sont en hausse. Il y a d’abord un double problème d’accès.
Accès aux approvisionnements pour 42% des entreprises interrogées par l’Association Nationale des Industries Alimentaires notamment en emballages et en matières premières agricoles. Se pose également le problème de la maintenance des chaînes de production (notamment dans la gestion du froid) et du remplacement des pièces défectueuses, les stocks de pièces de rechange ne sont pas infinis et les interventions tardent en cas de panne machine. Viennent s’ajouter ensuite les difficultés de logistique et de transport qui complexifient l’accès aux marchés finaux, voire le cas échant débouchent sur l’impossibilité d’acheminer le produit vers le client final. Les coûts du transport sont aussi en hausse et viennent grever des marges déjà faibles des PME-TPE. C’est enfin l’épineux problème de la disponibilité de la main-d’œuvre. C’est une donnée structurelle : le secteur manque de bras et ce manque est bien entendu renforcé par l’épidémie.
Si le taux d’absentéisme reste actuellement limité (10% des effectifs selon l’Ania), il est très variable d’un territoire à un autre. Moins prononcé dans l’Ouest notamment en Bretagne (première région productrice des IAA), il est très marqué dans le Grand Est et en Ile de France. Si des solutions alternatives comme l’intérim, la réallocation de personnels, le prêt de main d’œuvre permettent de pallier ces difficultés cela a un coût notamment de formation. Avec en outre cette épée de Damoclès : avec le printemps s’ouvre une période où la demande de saisonniers est très forte. Côté demande, l’accès aux marchés extérieurs est rendu plus complexe, plus coûteux voire impossible avec à la clé un arrêt complet dans certaines zones.
Or, les exportations représentent un peu plus de 22% du chiffre d’affaires en moyenne des industriels de l’alimentaire avec des pointes à 44% pour le travail du grain, proche de 30% dans les huiles et graisses végétales et animales, ou encore de 24% pour les produits laitiers.
Ce manque à gagner, ne se rattrapera pas ou très marginalement par le remplacement des importations par des productions domestiques, les possibilités de substitution étant très partielles entre les deux. Quant à la bascule de la demande de la restauration hors foyer vers la consommation domestique elle n’est pas évidente. Trois dimensions sont à prendre en compte : toute chose égale par ailleurs, un repas pris hors domicile, notamment dans la restauration traditionnelle, nécessite plus de produits. Ce n’est donc pas un jeu à somme nulle ; les marges ne sont pas non plus identiques et sont plus serrées avec la grande distribution qu’avec les réseaux traditionnels alimentant les restaurateurs ; si le « foodservice » représente en moyenne 15% du chiffre d’affaires des industriels, cette part est variable et certains spécialistes se retrouvent avec un asséchement total ou partiel de leurs débouchés sans grandes possibilités de repositionnement rapide sur le marché des particuliers : les produits vendus ne sont pas totalement substituables, problèmes de conditionnements, de réseaux de distribution, etc.
Plus récemment, ce sont les difficultés des commerces de proximité (boulangeries, pâtisseries, boucheries, fromageries) qui inquiètent. Là aussi le transfert vers la grande distribution et ses enseignes de proximité bousculent les filières en amont. Il ne faut pas croire que les industries alimentaires font partie de ces rares branches qui sortiront indemnes du Covid-19 : pression sur les marges et production en baisse de 2,5% en moyenne sont prévus pour cette année avec beaucoup d’hétérogénéité et des décrochages très violents selon les secteurs, la sensibilité aux exports et le type de clientèle finale. A la clé les nombreuses PME-TPE qui composent la profession seront fragilisées. Au bout du chemin c’est une nouvelle consolidation du secteur qui se dessine.
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