AVIS D'EXPERT | Pierre Bonnet | Publié le 12 Avril 2021
AlimentaireTechnologie et digitalIndustrieGrâce aux technologies dites de précision (robotique, intelligence artificielle et objets connectés), l’agriculture française amorce sa transition 4.0. Concrètement, les grosses exploitations tricolores sont de plus en plus nombreuses à s’équiper de robots et de systèmes d’automatisation, de drones, de systèmes d’autoguidage, de systèmes de gestion ou encore d’analyse des données météo. De quoi améliorer la situation financière des quelque 450 exploitations du pays. Celle-ci s’est encore détériorée en 2020 avec un revenu net en repli d’environ 11% à 15 milliards d’euros tandis que les surfaces cultivées ne cessent de diminuer (27 millions d’hectares). Les perspectives de développement de ces nouvelles technologies varient fortement selon les segments. Si les systèmes de guidage et d’autoguidage affichent des taux d’équipements déjà conséquents (30% à 50% pour la géolocalisation embarquée), d’autres commencent juste à devenir une réalité tangible. Le cap des 10 000 robots installés a ainsi été franchi en 2020. Et leur nombre devrait continuer à croître rapidement puisque la moitié des éleveurs laitiers qui s’installent s’équipent désormais d’un robot de traite. A l’inverse, les robots de culture (encore au stade de prototypes) émergent à peine. Les services de télédétection gagneront eux aussi du terrain grâce à des offres plus riches et plus attractives. L’offre d’outils d’aide à la décision s’étoffera elle fortement ces prochaines années avec l’essor des capteurs connectés et les progrès de l’intelligence artificielle. Ce segment restera d’ailleurs le plus dynamique à l’horizon 2024 mais aussi celui où l’intensité concurrentielle sera la plus forte.
Preuve de l’intérêt du monde agricole pour l’agriculture de précision : l’enveloppe de 215 millions d’euros allouée à la prime à la conversion des agroéquipements a été consommée en seulement trois semaines, alors que la période de demande de subvention devait initialement durer deux ans. Il est vrai que celle-ci est censée améliorer les rendements tout en limitant les consommations d’énergie et d’intrants. Outre l’intérêt croissant des agriculteurs, les acteurs de l’agriculture 4.0 bénéficient de la volonté des pouvoirs publics d’accélérer cette transformation digitale. C’est notamment le sens du plan France Relance et du Green Deal européen présentés en 2020. Pour autant les freins à lever pour véritablement démocratiser l’agriculture de précision sont encore nombreux avec par exemple des coûts souvent élevés pour des retours sur investissement encore incertains. Les outils sont également jugés complexes et pour certains peu fiables par les agriculteurs. L’offre d’accompagnement des différents acteurs de la filière (fournisseurs, conseillers…) est aussi considérée comme insuffisante. Sans oublier les craintes sur l’utilisation des données collectées.
Grande puissance agricole, la France ne compte pourtant pas de grands groupes industriels mondiaux. Aucun leader mondial de l’agroéquipement ou de la production d’intrants n’est français. De la même façon, l’Hexagone n’abrite pas non plus de méga-plateformes du numérique. Ce qui pourrait se traduire à terme par un match entre géants du numérique américains et chinois pour exploiter la data agricole. Déjà, Google, Microsoft ou encore Alibaba tissent progressivement leur toile dans l’agriculture comme en témoignent les initiatives récentes de certains d’entre eux, à l’image de Google qui a présenté en octobre dernier son robot déverseur de pesticides (The Plant Buggy). Après avoir révolutionné le champ des données personnelles, les poids lourds de l’IT se tournent vers les données sectorielles, à commencer par la santé, les smart cities et l’agriculture.
Dans ce contexte, le développement de l’agriculture 4.0 en France repose en partie sur un vivier de start-up. Quelque 250 AgriTech, dont 70 présentes dans l’agriculture de précision (surtout actives dans les outils d’aide à la décision), ont ainsi été recensées. L’Hexagone profite d’un écosystème favorable à l’éclosion des start-up avec des écoles et des laboratoires de recherche agronomiques de premier plan mais aussi d’accélérateurs de jeunes pousses. En revanche, le pays manque cruellement d’investisseurs de taille suffisante pour accompagner ces pépites. Un problème accentué par la crise sanitaire qui a entraîné une rationalisation des stratégies d’investissement des fonds. Si les montants levés par les start-up tricolores de l’agriculture de précision ont atteint des niveaux record en 2020, près des trois quarts ont résulté de deux opérations seulement.
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